Diversification et résilience : faire des pailles en paille de seigle
L’interdiction des pailles en plastique depuis 2021 en France a ouvert la voie à de nouveaux marchés. C’est dans ce contexte qu’est née la société Végépaille, créée par Cassandra Bourmault à Luché-Pringé dans la Sarthe. Un projet qui offre de la résilience à son exploitation tout en innovant dans le monde agricole.
Une occasion : une commande de pailles
Issue d’une famille d’agriculteurs marquée par l’entrepreneuriat, Cassandra Bourmault a repris, à 27 ans, l’Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée (EARL) du Veau à la suite d’un départ en retraite. Elle travaille alors avec son père, sa mère et son frère qui sont associés au sein de l’EARL de l’Étang, car les deux exploitations ont des productions similaires.
Mais en 2019, elle reçoit l’appel d’un grossiste, en quête de brins de seigle pour les vendre comme pailles. Une commande qu’elle ne peut honorer car les pailles demandées devaient être produites mécaniquement.
Les pailles de seigle, un produit dans l’air du temps
« Les pailles en papier, en carton, se désintègrent en bouche et dans les boissons, auxquelles elles confèrent un goût farineux. Le plastique réutilisable, ou écoplastique, affiche un bilan écologique discutable et est coûteux », explique-t-elle à Agri-Mutuel. La paille en seigle est donc un marché naissant.
Cassandra Bourmault cherche donc une solution, qu’elle trouve dans une entreprise de la Somme, capable de concevoir et fabriquer une unité de transformation mécanisée de la paille en pailles. Parallèlement, elle se lance dans une étude de marché : « il n’existe pas d’autres alternatives aux pailles en plastique qui soient aussi durables, écologiques, fonctionnelles et économiques que les pailles de seigle. »
Un besoin réel et pas simplement du confort
Si les pailles peuvent paraître au grand public comme inutile, « certaines personnes ont besoin de pailles pour s’alimenter » souligne Cassandra Bourmault. Parmi son portefeuille de clients on trouve certes des grossistes et des petits commerçants, mais aussi des hôpitaux et des Ehpad.
Elle compte également proposer sa Végépaille à l’hôtellerie-restauration dans le futur. « Notre objectif est d’atteindre une production de 8 millions de pailles par an, en investissant progressivement dans cinq autres unités de transformation. »