1. L’ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE 2022
2022 : l’inflation fait son retour
L’année a été marquée par l’invasion russe de l’Ukraine et la poursuite des tensions
inflationnistes. L’important regain d’aversion au risque sur les marchés financiers et la
flambée des prix des matières premières, en particulier énergétiques et alimentaires, ont
reflété l’incertitude occasionnée par le conflit et les sanctions prises, à l’encontre de la
Russie. Sur le front sanitaire, si les Etats européens et américain sont parvenus à limiter les
impacts des nouvelles vagues de contamination de Covid-19, la Chine a continué
d’appliquer des mesures de restrictions sanitaires strictes jusqu’en novembre. La
conjugaison du choc inflationniste, des tensions géopolitiques et des difficultés
d’approvisionnement s’est traduite par une accélération notable des hausses des coûts et
des prix, contraignant les banques centrales à durcir considérablement les conditions
financières. Ces dernières, au premier rang desquelles la Banque centrale européenne
(BCE) et la Fed, ont en effet relevé rapidement leurs taux directeurs afin de lutter contre
l’inflation. Concomitamment à la hausse des taux souverains de part et d’autre de
l’Atlantique, les indices actions ont connu un repli majeur en 2022. Dans ce contexte, la
croissance s’est continuellement tassée et les risques de récession ont émergé
particulièrement en Europe, bien que le soutien budgétaire renforcé des Etats a limité
l’ampleur du choc économique.
En zone euro, l’éclatement de la guerre en Ukraine a rapidement tempéré les perspectives
économiques favorables liées au relâchement des contraintes sanitaires et à la réouverture
des économies. L’Union européenne (UE) a adopté de nombreuses sanctions à l’encontre
de la Russie, dont un embargo sur les importations de charbon et de pétrole par voie
maritime entré en vigueur en décembre. Les prix énergétiques, en particulier du gaz, ont
substantiellement augmenté jusqu’à l’été en raison de la réduction de l’approvisionnement
en gaz russe et de la reconstitution des réserves de gaz pour préparer l’hiver. Les cours
européens de l’énergie ont ensuite rechuté grâce à des températures au-dessus des
normales saisonnières et à la fin du remplissage des réserves en Europe. De plus, les
Etats de l’UE ont adopté des objectifs de réduction de la consommation de gaz en vue de
l’hiver et un mécanisme de plafonnement des prix du gaz à 180 €/MWh. Cette crise
énergétique a pesé sur la croissance. Toutefois, le soutien budgétaire des Etats européens
(environ 4,5 % du PIB de la zone euro), particulièrement en Allemagne, a permis d’atténuer
le choc pour les ménages et les entreprises. Les difficultés d’approvisionnement héritées
de la crise sanitaire mondiale se sont toutefois sensiblement améliorées à l’image de la
rechute des prix du fret maritime. La demande toujours résiliente, la hausse des salaires et
la situation énergétique ont contribué à la forte inflation en zone euro de + 9,2 % en
glissement annuel en décembre. Afin de freiner cette hausse des prix et le risque de spirale
inflation-salaires, la BCE a fortement resserré sa politique monétaire en relevant ses taux
directeurs de + 250 pb à 2 % pour le taux de rémunération des dépôts. Elle a aussi engagé
la baisse de la taille de son bilan via notamment le durcissement des conditions des
opérations de financement à long terme bon marché pour les banques (TLTRO). Ainsi, les
taux souverains européens ont connu une hausse importante, contribuant au repli marqué
des indices actions cette année. Le risque de fragmentation financière en zone euro, reflété
par le durcissement plus marqué des conditions financières des pays périphériques, s’est
temporairement renforcé du fait des incertitudes en Italie. Cependant, l’action de la BCE
avec l’annonce d’un nouvel outil, le Transmission Protection Instrument, et les premières
décisions de Giorgia Meloni ont rassuré et limité le risque de nouvelle crise de la dette
italienne. L’euro, du fait des craintes relatives à la disponibilité de l’énergie et de la
détérioration des comptes extérieurs, s’est nettement déprécié, passant sous le seuil de la
parité face au dollar, avant de rebondir en fin d’année.
En France, l’inflation a accéléré dans une moindre mesure par rapport au reste de la zone
euro en raison de la plus faible dépendance de l’économie aux hydrocarbures russes et
des mesures prises par le gouvernement comme le bouclier tarifaire sur les prix du gaz et
CIC Lyonnaise de Banque - Rapport de gestion 2022 du Conseil d’administration
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