Des résultats conformes aux attentes
Les résultats du premier tour des élections législatives françaises ont été largement conformes aux prévisions des sondages : la coalition d'extrême droite du « Rassemblement national » (RN) et de ses alliés a obtenu le plus grand nombre de voix (33,3%), devant le « Nouveau Front populaire » (NFP) de gauche (28,3%). La majorité présidentielle centriste « Ensemble » (ENS) est arrivée en 3ème position avec 21,3% des voix.
Le scénario d’une majorité absolue pour le RN a donc perdu en probabilité suite à ces résultats, et semble désormais très peu probable pour le NFP. Le résultat définitif à l’issue du deuxième tour dépendra des stratégies de désistement qui se précisent. Mais leur respect dans chaque circonscription et les mécanismes de reports de voix rendent l’issue du scrutin encore très incertaine.
Deux scénarii possibles à ce stade
Nous en saurons probablement un peu plus à compter de mardi soir (échéance pour la déclaration des candidats au deuxième tour), mais d’ores et déjà il est possible d’envisager deux scénarii :
- Le RN arrive en tête mais sans majorité claire au parlement. Dans ce cas, nous pourrions assister à une certaine forme d’atonie gouvernementale qui limiterait la capacité de mise en œuvre des mesures les plus radicales sur le plan financier. Ce scénario pourrait déboucher sur le maintien de la prime de risque actuelle sur les actifs français.
- Une majorité absolue (ou quasi absolue) du RN. Un gouvernement RN devrait dans ce cas être composé rapidement. Au regard des différentes annulations récentes de plusieurs mesures économiques coûteuses (suppression de la réforme des retraites, défiscalisation des moins de 30 ans, etc...), ce scénario ne serait peut-être pas le plus risqué pour les actifs financiers dans un 1er temps. À moyen terme, les oppositions à l’Union Européenne sur les sujets liés, entre autres, au budget et à l’immigration pourraient toutefois entraîner l’apparition d’une prime de risque un cran plus élevé qu’actuellement sur les actifs français.
Notre analyse de la situation
En ce début de semaine, les marchés financiers européens réagissent plutôt bien à ces résultats, rassurés probablement par la faible probabilité d’émergence des configurations les plus extrêmes du Parlement. Les primes de risque sur les actifs français avaient déjà intégré une grande partie de l’incertitude via l’accroissement du différentiel de taux d’intérêt vis-à-vis de l’Allemagne (la référence en Europe) ou la contreperformance de l’indice CAC 401 depuis les élections européennes.
En définitive, l’incertitude persiste à l’issue de ce 1er tour, avec plusieurs questions majeures encore en suspens :
- Quel poids relatif pour chaque bloc, avec quelle majorité et quelle capacité pour le RN d’aller convaincre des élus de droite de les rejoindre ?
- Quid des relations avec l’UE ?
- Quel degré de tensions sociales ces prochaines semaines et mois ?
La volatilité devrait encore être de mise dans l’entre-deux tours, ce qui justifie toujours une certaine prudence à court terme quant à l’évolution des actifs français. Celle-ci se justifie particulièrement en raison du risque de rupture plus durable avec l’UE qui pourrait émerger en cas de majorité absolue du RN.
Toutefois, il s’agit de ne pas négliger les propositions déjà édulcorées des différents partis en lice, ainsi que les garde-fous institutionnels existants en France et au sein de l’UE. De même, les marchés financiers peuvent constituer un facteur de rappel pour le futur gouvernement, à l’instar de ce qui a été observé ces dernières années, notamment en Italie et au Royaume-Uni.
Rappelons également que les entreprises françaises exercent des activités largement internationalisées, les rendant ainsi moins sensibles aux mesures s’appliquant strictement au territoire national.
Aussi, tout en réfléchissant à d’éventuels arbitrages qui favoriseraient une diversification de nos allocations vers des actifs moins exposés à la politique française, nous conservons les positions acquises dans l’attente des résultats définitifs au soir du 7 juillet.