Élections américaines : quels impacts pour les marchés financiers ?
Le verdict des élections
Le parti républicain a réussi le grand chelem. Donald Trump est réélu président des Etats-Unis. Par ailleurs, le parti républicain dispose déjà, dans l’état actuel des décomptes, de 52 sièges au Sénat sur les 100 que contient l’institution (sachant que le décompte final pourrait faire ressortir une majorité plus nette). Enfin, la tendance leur est également favorable à la Chambre des représentants (197 sièges gagnés à comparer à 177 pour les démocrates) même si, pour l’instant, l’issue du scrutin n’est pas finalisée (une majorité nécessite 218 sièges).
La suite se concentre désormais sur la volonté et la capacité pour Donald Trump à convaincre les élus républicains de mettre en œuvre ses promesses électorales, sachant que certains élus de son parti n’adhèrent pas à l’ensemble de son programme. Il est par exemple utile de rappeler que l’ancien président avait tenté, en vain, après sa victoire en 2016, d’abolir le programme de financement des dépenses de santé Obamacare, avant de se concentrer un an plus tard environ sur une réforme fiscale qui avait nettement porté les marchés d’actions. Le calendrier des mesures sera donc crucial, tout comme l’ampleur de l’avance du parti républicain à la fois au Sénat et à la Chambre des représentants que l’on ne connaitra réellement que dans quelques jours.
Quel programme en définitive ?
Au regard des propos tenus par Donald Trump, les enjeux tournent autour de cinq thèmes principaux :
- la guerre commerciale avec un retour des tensions et des droits de douane appliqués aux autres pays,
- l’immigration, dont le durcissement risque de raviver les tensions sur le marché du travail et donc l’inflation,
- les relations géopolitiques (Chine, Russie, Iran, ...),
- la fiscalité alors qu’une mise en œuvre de la réforme fiscale (baisse de l’impôt sur les sociétés) proposée par Donald Trump serait favorable aux entreprises américaines,
- les finances publiques avec une hausse du déficit budgétaire compte tenu de l’augmentation envisagée des dépenses publiques.
La déclinaison, en version « complète », du programme de D.Trump pourrait conduire à une croissance mondiale légèrement amoindrie (impact négatif de la guerre commerciale ou de la baisse des flux migratoires) mais aussi à des anticipations de niveaux d’inflation supérieurs au cours des prochaines années. En cas de risque inflationniste avéré, la capacité de la Fed à soutenir la croissance en baissant ses taux directeurs se trouverait limité. En outre, le programme économique de Donald Trump n’a que peu fait mention de mesures permettant de trouver des recettes budgétaires supplémentaires (en dehors des hausses des droits de douane), dans un contexte de trajectoire déjà très défavorable du déficit public (autour de 6-7% du PIB sur les prochaines années).
Dans ces conditions, ces deux éléments conduiraient à un équilibre plus défavorable de la trajectoire de la dette souveraine américaine, et potentiellement, à moyen terme, à moins de confiance dans le dollar.
L’ampleur de ces ajustements dépendra de la volonté de Donald Trump de confirmer ses promesses électorales, et de sa capacité à les faire valider par le Congrès.
Quels impacts pour les marchés ?
- En phase avec l’environnement potentiel décrit ci-dessus, les premières réactions des marchés financiers se sont traduites par des tensions sur les taux d’intérêt à long terme, une hausse du dollar, une baisse de l’or et une hausse des marchés actions principalement américains.
- L’extrapolation de ces évolutions pour les mois à venir est compliquée en raison des incertitudes inhérentes à la versatilité du nouveau président américain. L’élément rassurant reste sa proximité avec le monde des affaires qui constitue un garde-fou à des mesures susceptibles de perturber gravement l’évolution des marchés financiers.
- A plus court terme, nous en concluons pour le moment que la trajectoire des marchés actions devrait demeurer bien orientée en cette fin d’année. Les marchés américains bénéficient assurément d’un contexte favorable lié aux perspectives de baisses d’impôts pour les entreprises mais une bonne partie des bonnes nouvelles est déjà intégrée. Les marchés européens s’efforcent quant à eux d’évoluer dans un environnement politique trouble associée à une amélioration du cycle mondial tiré par les économies américaines et chinoises.
- Les marchés obligataires pourraient être davantage sous pression sous l’effet de déficits budgétaires persistants et des dérives des dettes publiques. La dette émergente semble plus particulièrement exposée en raison de l’accentuation de la guerre commerciale.