Finance responsable : quels sont les enjeux ?
L’augmentation de la température de la surface du globe a une incidence directe sur l’environnement : fonte des glaciers, événements climatiques extrêmes, libération de carbone, de virus... depuis 40 ans, les scientifiques nous alertent sur les dangers qui nous menacent. Un message difficile à entendre. Toutefois, depuis la COP21 (Paris 2015), il est clair que les entreprises et les investisseurs ont un rôle déterminant à jouer.
Ancrer les enjeux climatiques au cœur de la finance
À Paris, lors de la COP21, les 195 états réunis se sont mis d’accord pour limiter l’augmentation de la température à 2° et tendre vers un objectif de 1,5° par rapport à l’ère pré-industrielle, notamment par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Cet accord a été ratifié par 55 pays, représentant à eux seuls 55% des GES. Les financements publics sont engagés mais ils ne peuvent pas couvrir les 21 000 Mds$ requis pour atteindre les objectifs de l’accord (estimés par le Boston Consulting Group).
D’autres financements, notamment en provenance du secteur privé, doivent donc contribuer à :
- amplifier le financement de l’adaptation et de la résilience au changement climatique
- accélérer la transition vers une économie décarbonée d’ici à 2050
- ancrer les enjeux climatiques au cœur de la finance et des décisions de ses acteurs.
La finance peut orienter vers les bonnes directions
À travers notamment l’Investissement Socialement Responsable (ISR), qui s’intéresse aux entreprises « best in class » (les meilleures de la classe). Autrement dit, au-delà des critères financiers habituels, l’ISR va s’intéresser à des critères extra-financiers, en particulier la responsabilité des entreprises dans les domaines ESG :
- Environnementaux : émission de gaz à effet de serre, gestion des déchets...
- Sociaux : dialogue social, parité hommes-femmes, emploi des personnes handicapées...
- Gouvernance : transparence des salaires des dirigeants, indépendance du conseil d’administration, féminisation des dirigeants...
Attention cependant, le label ISR n’est pas une garantie quant à la performance des supports de placement (OPC).
Une nouvelle génération d’investisseurs
Les investisseurs sont de plus en plus sensibles à la transition climatique. 21% des épargnants sont investis dans la finance responsable. D’une manière générale, les millenials (génération Y) et les genzennials (- de 24 ans, génération Z) sont peu motivés par les investissements, à moins qu’il ne s’agisse d’investissements éthiques et durables (84% des millenials, selon une étude de Morgan Stanley). Ils attendent des produits qui soutiennent principalement l’environnement, l’emploi et l’éducation. À travers leur épargne, ils veulent agir pour l’avenir de la planète, avoir un impact sur le monde de demain.
La finance responsable peut également s’avérer performante
Plusieurs constats : les entreprises où les salariés sont les mieux traités sont les plus performantes (parce que les collaborateurs sont plus impliqués ?). En Bourse, elles présentent un meilleur retour sur investissement.
Selon l’étude universitaire [Hans Lööf and Andreas Stephan, « The Impact of ESG on Stocks’ Downside Risk and Risk Adjusted Return, March 2019 »], les fonds durables présentent un risque de baisse plus faible que les fonds traditionnels. Autrement dit, ils sont financièrement plus solides.
A contrario, les entreprises les moins vertueuses sont aussi celles qui présentent le plus de risques !
Les entreprises « retardataires » obtiennent en général des résultats inférieurs au quintile supérieur (étude portant sur la période 01/2012 au 06/2020).
Comment investir dans la finance responsable et durable ?
CIC Banque Privée est engagé depuis une quinzaine d’années dans la finance responsable, à travers Le Crédit Mutuel Asset Management.
Aujourd’hui, la difficulté est de pouvoir évaluer et comparer les données quantitatives communiquées par les entreprises car celles-ci ne sont pas encore normées et organisées. C’est pourquoi CMAM a développé un outil propriétaire permettant aux gestionnaires d’accéder aux informations ESG des entreprises, ainsi qu’aux informations relatives à leur engagement sociétal et RSE.
Il nous appartient donc de croiser nous-mêmes les données quantitatives fournies par les agences spécialisées dans la notation extrafinancière avec nos propres données,
explique Isabelle Delattre, directrice du département finance responsable et durable de CMAM.Nous analysons les éventuels biais sectoriels et/ou géographiques et surtout nous établissons un dialogue avec les entreprises pour une approche également qualitative.
Car en effet, les chiffres ne disent pas tout.
Les entreprises qui nous intéressent sont celles qui ont une trajectoire. Nous sommes conscients que les grandes entreprises disposent de moyens plus importants pour leurs investissements dans la transition et dans la communication des données de leurs actions. Pourtant de petites structures peuvent être vertueuses, mais communiquer moins bien. C’est pourquoi le dialogue direct et l’accompagnement dans le temps sont des fondamentaux de notre démarche.