The Transat CIC 2024 : transatlantique de légende, concentré de sport, d’exigence et de résistance !

En remportant la 15e The Transat CIC, Yoann Richomme a inscrit son nom au palmarès de la plus prestigieuse course au large en solitaire. Une victoire assortie d’un nouveau record de vitesse dans l’épreuve entre Lorient et New York.
En remportant The Transat CIC 2024, le Français Yoann Richomme accroche à son palmarès déjà étincelant l’une des victoires dont rêvent tous les marins. Les navigateurs sportifs de haute-mer ont en effet deux Everest : le Vendée Globe (le tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance créé en 1989 par Philippe Jeantot) et la Transat CIC, c’est-à-dire la traversée de l’océan l’atlantique en solitaire, matérialisée en 2024 par la route Lorient-New York. Gagner l’une ou l’autre de ces courses, si difficiles qu’elles n’ont lieu que tous les quatre ans, est un exploit de navigation majeur.
La Transat CIC est la mère de toutes les compétitions de haute mer en solitaire. Elle est la plus ancienne, celle qui a bâti la mythologie du marin affrontant seul les éléments, celle qui a également lancé le mouvement des grandes courses au large en solitaire, transocéaniques ou circumnavigations.
L’idée de s’affronter en course, seul à la barre d’un voilier, sur de très longues distances – en l’occurrence en traversant l’océan atlantique – date de la fin des Années 50. A cette époque, les compétitions à la voile sont organisées à portée de côtes, entre voisins méditerranéens ou océaniques (français et britanniques notamment). On s’affronte à vue de terre ou jamais très loin d’elle. Régater en très haute mer, voire à plusieurs jours de tout port, est une option réservée aux aventuriers.
Mais en 1959, une poignée de marins anglais se lancent un défi : et si nous traversions l’Atlantique à cadence de course ? Et si nous nous affrontions sur les 3500 milles d’une transatlantique, en solitaire ? Ils baptisent leur projet The Star pour Single-handed Trans-Atlantic Race, qui devient The Ostar, lorsque son premier sponsor, le quotidien anglais The Observer, ajoute en initiale la première lettre de son nom. Ils vont être cinq à son départ en juin 1960. Et cinq à l’arrivée. Le vainqueur, Francis Chichester, met 40 jours, 12 heures et 30mn pour rallier New York depuis Plymouth, devant trois Britanniques et un Français, Jean Lacombe, qui franchit la ligne 34 jours après le vainqueur. Ils l’ont fait ? D’autres vont le refaire.
L’Ostar devient, dès sa deuxième édition en 1964, la plus prestigieuse et donc la plus convoitée des courses à la voile au monde. Drames et exploits vont construire sa légende, forgeant un mythe qui ne cessera de grandir. Si les Anglais l’ont inventée, les Français vont y décrocher le plus grand nombre de succès (12 en 15 éditions) : Eric Tabarly (1964 et 1976) , Alain Colas (1972), Yvon Fauconnier (1984), Philippe Poupon (1988), Loïck Peyron (1992, 1996 et 2008), Francis Joyon (2000), Michel Desjoyeaux (2004), François Gabart (2016) et, donc, Yoann Richomme en 2024. Côté performances, l’architecture des voiliers, l’apparition des multicoques, les prévisions météo et la science des routes de navigation, mais aussi la professionnalisation des marins, va peu à peu faire tomber les temps de traversées : 40 jours pour Chichester en 1960, 27 pour Tabarly en 1964, 20 pour Colas en 1972, 16 pour Fauconnier en 1984, 10 pour Poupon en 1988, 9 pour Joyon en 2000, 8 jours 6 heures 53mn et 32s pour Richomme en 2024 – cinq fois plus vite que Chichester.